La création, la peinture, une citation de LSarah Dubas
je me bats contre la peinture et c'est un combat inutile- Parce que la peinture t'emmène là où elle veut, et tu ne peux rien faire, il faut l'accepter, il est inutile de lutter contre ; tu commences par te rebeller, ça peut marcher, la toile se laisse faire, mais souvent non- Alors tu attends, tu recommences tu crois que tu vas gagner mais le temps d'arrêt a introduit d'autres questionnements, d'autres prises en compte ; tu apprends à faire avec le temps, les feux rouges les feux verts, le silence de la toile..... Tu regardes, tu n'arr êtes pas de regarder, tu pars faire autre chose, tu la surveilles du coin de l'oeil comme un pot au feu, ça mijote ; tu reviens et le dialogue recommence. Elle a son propre langage, et à chaque fois indépendant du langage des autres toiles, c'est toujours par accident que ça se passe. En fin de compte je crois que c'est ça qui me plait, l'imprévisibilité totale de ce que qui se passe, de ce qui advient. Elle commence par creuser de l'intérieur et puis ça reflue à la surface, elle t'embarque ; la peinture s'impose, elle est là, point. C'est un voyage au long cours, une remontée du flux de dilatation du temps de l'atelier. Alors que dans la vie si tu ne veux pas être dans la catastrophe permanente, il faut être dans la probabilité, penser à l'avance, la société t'impose ça, tu ne peux pas être dans l' innocence...
(LSarah Dubas, extrait de son Roman Vid'Ange.)