L'artiste et l'artisan
"Il reste à dire en quoi l'artiste diffère de l'artisan. Toutes les fois que l'idée précède et règle l'exécution, c'est industrie. Et encore est-il vrai que l'oeuvre souvent, même dans l'industrie, redresse l'idée en ce sens que l'artisan trouve mieux qu'il n'avait pensé dès qu'il essaye ; en cela il est artiste, mais par éclairs. Toujours est-il que la représentation d'une idée dans un chose, je dis même d'une idée bien définie comme le dessin d'une maison, est oeuvre mécanique seulement, en ce sens qu'une machine bien réglée d'abord ferait l'oeuvre à mille exemplaires. Pensons maintenant au seul travail du peintre de portrait ; il est clair qu'il ne peut avoir le projet de toutes les couleurs qu'il emploiera à l'oeuvre qu'il commence ; l'idée lui vient à mesure qu'il la fait ; il serait même plus rigoureux de dire que l'idée lui vient ensuite, comme au spectateur, et qu'il est spectateur aussi de son oeuvre en train de naître. Et c'est là le propre de l'artiste. Il faut que le génie ait la grâce de la nature, et s'étonne lui-même."
ALAIN, Système des Beaux-arts, 1920.
Exposition de peinture en Bretagne
Abstrait Gris Coloré exposition Vannes
acrylique sur toile abstrait
Grand rouge horizontal abstrait F Gervaise
Grand abstrait rouge carré
Ma démarche artistique
Pourquoi je peins ce que je peins ? Comment j’en suis arrivé là ?
Par amour du paysage d’abord. Amour que m’a légué mon grand-père maternel, un paysan normand, fou de nature et d’animaux. Tout paysage peut se résumer ainsi : la terre ou la mer, et le ciel. Entre les deux, la ligne d’horizon. Je peins des paysages depuis mon adolescence. Et, petit à petit je suis arrivé à une simplification extrême. Un bas : la terre. Un haut : le ciel. Entre les deux, la ligne horizontale. Et puis s’amuser de ça, avec la couleur, pour faire naître une ambiance, une lumière. Des variations atmosphériques. Limiter volontairement le nombre des couleurs.
Abstrait ou figuratif ? J’entends beaucoup dire de mon travail qu’il ressemble à du Rothko. Sur un plan formel, c ‘est assez vrai. Et puis je ne cache pas mon admiration pour Rothko et tous les expressionnistes abstraits américains. Dans la démarche, cependant c’est différent. Je me sens plus proche de Morandi, avec cette obsession d’explorer sans relâche les variations infinies sur un même sujet. J’aime aussi la position de ce dernier, loin de toutes les influences du monde contemporain. Ce que je cherche ? Etre vrai. Le vrai n’existe pas. Est-ce que ma vérité existe ?. Il me faut la trouver. C’est cela que je veux peindre. Loin de tout clivage. Peindre est aujourd’hui le seul travail que je me sens capable d’accomplir.
Franck Gervaise, mars 2008.